Printemps des Enseignants. Christine Chaput
L’importance grandissante de la méditation dans le champ sociétal, entre Mindfullness, Vipassana, Zen, et applications variées, ainsi que dans le champ des recherches en neurosciences est manifeste.
Le 5 avril à Sumène. Christine Chaput, avril 2025

j’ai eu le plaisir d’animer le premier printemps des adhérents de Yosoli, journée demandée par nos professeurs. Il était consacré à « l’enseignement de la méditation » dans le cadre des séances de yoga.
Cette journée s’est entrelacée de pratiques, temps de concertations et enseignement, avec un repas partagé pris partiellement en silence et en conscience.
L’importance grandissante de la méditation dans le champ sociétal, entre Mindfullness, Vipassana, Zen, et applications variées, ainsi que dans le champ des recherches en neurosciences est manifeste. L’intérêt et les besoins sont réels.
Pourtant le sens usuel de « méditation » tel qu’entendu majoritairement en occident aujourd’hui n’est pas celui des Yoga Sutra, Dhyana, mais bien Dharana, l’attention focalisée et maintenue ; la méditation étant un état qui survient et n’étant pas une pratique ni un enseignement potentiel.
Ce Dharana révèle ses propriétés thérapeutiques en cela qu’il arrive à réguler l’agitation mentale dans de multiples formes pathologiques qui sont causées par le stress, et ses nombreuses expressions, car Dharana est un processus de purification mentale.
Le constat est que les cours de yoga se limitent trop souvent à une pratique de Asana-Pranayama.
Pourtant les 3 derniers membres des Yoga Sutra, les membres intérieurs, cités au début du 3ème chapitre, proposent la préparation à l’état de méditation par la pratique de Dharana, la concentration. Celle-ci fait en effet suite à l’état de Pratyahara, la stabilité des sens sans désir.
Cette pratique de Dharana permet d’entraîner les capacités d’attention, leur durée, leur intensité, sur différents lieux du corps, ou objets. Cette attention centrée, prolongée, répétée et cultivée peut permettre de voir apparaître le début de l’état de méditation. Cet état est aussi graduel, comme tout entraînement ; celui-ci étant d’abord cérébral, vers la stabilité mentale : là où tout effort cesse, état ininterrompu jusqu’au silence mental qui est la définition de la méditation, Dhyana.
Celle-ci est alors décrite comme pouvant devenir un état permanent, dans la vie quotidienne, la méditation active chère à Vimala Thakar, révélant une toute autre saveur de la vie, et étant la quintessence de la pratique décrite dans le Samyama YS III-5, état où l’intelligence suprême s’épanouit.
Le Vijnana Bhairava Tantra, texte centré sur 112 pratiques de Dharana, et non de méditation comme l’ont traduit certains auteurs, affirment que chacune d’entre elles peut mener à l’état suprême de Bhairava, la Conscience suprême.
Krishnamurti, dans « La révolution du silence », p 69 : « La méditation est un mouvement dans l’immobilité. Le silence de l’esprit caractérise l’action vraie. L’action engendrée par la pensée est une inaction, cause de désordre. Ce silence n’est pas un produit de la pensée ou simplement la cessation de son bavardage. L’immobilité de l’esprit n’est possible que lorsque le cerveau lui-même est tranquille, les cellules du cerveau, qui ont été si longtemps entraînées à réagir, à projeter, à protéger, à affirmer, ne sont au repos que par la vision de ce qui est, en fait ».
En accordant une place réelle dans nos vies et dans nos cours à cet entraînement à Dharana, nous rapprocherons nous du Yoga ? Nous irons assurément vers un approfondissement de la transformation induite par le yoga et un apaisement intensifié.