« Pranayama : la liberté d’être ». Retour sur les« Automnales » avec Jean-François Beaulieu

Travailler sur l’arbre respiratoire pour atteindre le « non souffle » par une meilleure maîtrise de la respiration jusqu’à parvenir à la ralentir. Ainsi, se développe cette faculté naturelle d'un souffle qui est plus mouvement d'énergie que mouvement physiologique.

Najia Begny
Najia Begny

Le stage s’est déroulé au centre du Val de l’Hort à Anduze les 11 et 12 octobre 2025, dans un espace calme, propice au retour vers soi : un lieu entouré de nature où nous avons profité de l’énergie de l’automne avec ses couleurs chatoyantes, ravivées par un beau soleil.
Nous avons eu le plaisir de recevoir Jean-François Beaulieu pour deux jours sur le pranayama et le hatha yoga d’inspiration Eva Ruchpaul. L’occasion de découvrir une approche différente qui n’a pas manqué de nous interpeller, de bousculer notre savoir, voire même de nous déranger.

Le but d’un stage n’est-il pas d’expérimenter « autre chose », de mettre de côté le connu pour aller vers l’inconnu ?

En introduisant le thème du stage, Jean-François a d’abord mis l’accent sur l’importance de la respiration dans la pratique du yoga et en particulier l’allongement du souffle par l’amplification de l’expiration.
Les pratiques de pranayama qu’il a proposées s’appuient sur la philosophie et la métaphysique de la voie tantrique, voie du « feu » selon laquelle la respiration ne gère pas que les échanges gazeux dans le corps physique, mais aussi la pensée, les émotions, la personnalité.

L’objectif principal est de travailler sur l’arbre respiratoire pour atteindre le « non souffle » par une meilleure maîtrise de la respiration jusqu’à parvenir à la ralentir. Ainsi, on développe cette faculté naturelle d’unsouffle qui est plus mouvement d’énergie que mouvement physiologique.

Jean-François a souligné l’importance de la posture du corps pendant le pranayama : il s’agit de pratiquer en permanence avec le maintien des trois bandhas : 1) mula bandha : contraction de l’anus remonté, 2) Ketchari mudra : langue retournée en arrière dans la cavité du palais, 3) Drishti : convergence du regard sur Ajna, milieu du front. Dans le Prana, la posture est au service du souffle.

A la suite du stage, Jean-François a transmis aux participants un document avec les pranayamas pratiqués durant le weekend. En voici deux exemples :

KAPÂLABÂTHI

  • Mula Bandha
  • Paume des mains vers le haut. pouce / index
  • Yeux fermés, regard vers le haut, convergeant entre les sourcils (Ajna)
  • Sourcils levés, sensation de lumière
  • Langue retournée fixée
  • Respiration haute « non par le ventre », poussée expiratoire entre nombril et plexus.
  • Mantra : OM
  • Temps : séries courtes + suspensions comme cela se présente « non dirigées ».
    Ni trop vite, ni trop lent au départ. Puis ralentir à la mesure de l’aisance.

Petit Prânâyâma

  • Souffle subtil à la limite du souffle physiologique.
  • Mula Bandha, regard convergeant vers Ajna , paume vers le haut, pouce/index
  • Question de concentration, intensité intérieure
  • Très exigeant et précis, on ne « compose » pas. Rigueur en respectant son propre rythme, une cadence modeste :

3 temps inspir ® 12 rétention ® 6 expir

4 temps inspir ® 16 rétention ® 8 expir

16 temps inspir ® 64 rétention ® 32 expir

  • A l’inspir ça monte, l’énergie diffuse partout à partir de la colonne
  • A l’expir, ça descend

Après chaque session de pranayama, Jean-François nous a guidés dans une pratique de hatha yoga d’inspiration Eva Ruchpaul, qui se caractérise par le fait qu’on ne pratique qu’une seule fois la posture. Celle-ci est maintenue selon un type de respiration précis pour qu’elle produise et déploie ses effets. Certaines postures sont pratiquées en respiration libre, continue. D’autres en suspension inspiratoire (pause après l’inspiration, “poumons pleins”), d’autres en suspension expiratoire (pause après l’expiration, “poumons vides”). Il s’agit ici de suspension et non de rétention : ce sont plutôt des pauses, légères et confortables, sans objectif de durée à atteindre.

La posture est donc vécue une seule et unique fois dans la séance, et tenue plus ou moins longtemps, selon les possibilités du pratiquant et le type de respiration utilisée.
Il s’agit de vivre la posture, selon notre état du jour et avec présence : être là, être la posture, comme elle se présente, accepter et savourer l’instant. Nous avons ainsi pratiqué la posture de l’arc, le cobra, la sauterelle, la pince avant (janushirshasana, et paschimottanasana), la torsion assise (matsyendrasana), et bien d’autres postures encore. Après chaque posture pratiquée une seule fois, de chaque côté s’il s’agit d’une posture asymétrique, on maintient un temps de pause, une trêve pour laisser faire, être attentif au souffle et à soi.

Et les enchaînements ? Ils ont aussi leur place dans cette pratique de yoga. Jean-François nous a proposé la salutation au soleil avec le son et la répétition des Bhij mantra, enchainement que nous avons réalisé plusieurs fois de suite à un rythme assez soutenu : résultat tonique et énergique !

Ce fut un weekend des « Automnales » assez atypique, riche en découvertes et en expériences, preuve des multiples facettes que peuvent prendre les enseignements du yoga. Vous trouverez un compte-rendu complet du stage, avec les différentes pratiques, dans le prochain numéro de Regard au printemps.