Réflexion sur la poésie en miroir du yoga. F. Lebourgeois

George Emmanuel Clancier et J. Tardieu.

Frédérique Lebourgeois

George Emmanuel CLANCIER : « C’est par un effort de tout l’être pour s’abstraire de soi, c’est en épousant la respiration, les méthodes de son frère le musicien, le regard de son frère le peintre, c’est en feignant de traiter ce langage qui est la chair de son âme comme s’il lui était suffisamment étranger pour qu’il pût le soumettre à l’art de l’étude, aux métamorphoses concertées de la matière sonore ou picturale, que le poète émettra le souffle le plus secret, le plus secrètement essentiel qui soit… »

Jean TARDIEU « Le fleuve caché », Poésies de 1938-1961

Les dangers de la mémoire

Ils s’assemblent souvent, pour lutter

contre les souvenirs très tenaces,

chacun dans un fauteuil prend place

et ils se mettent à raconter.

Les accidents paraissent les premiers

puis l’amour, puis les sordides regrets,

enfin les espérances mal éteintes.

Toutes ces images sont peintes

au mur, entre les fleurs du papier.

Ils pensent ainsi s’habituer

aux poisons que leur mémoire transporte,

– Moi cependant, derrière la porte,

je vois le PRÉSENT fuir avec ses secrets.