Le yoga au fil des saisons. Apaiser le dosha Vata. Najia Begny

La saison Vata fait son entrée, lors du passage de l’équinoxe d’automne et se prolonge jusqu’à la fin du mois de janvier. Dosha Vata, est constitué par la combinaison de l'Air (Vayu) et de l'Ether (Akasha).
Najia Begny

Apaiser le dosha Vata

La saison Vata fait son entrée, lors du passage de l’équinoxe d’automne et se prolonge jusqu’à la fin du mois de janvier. Dosha Vata, est constitué par la combinaison de l’Air (Vayu) et de l’Ether (Akasha).

Vata Dosha gère le principe du mouvement et cumule les propriétés (Guna) des éléments Air et Ether : sec, léger, froid, rugueux, subtil, mobile qui seront dominants pendant ces quatre prochains mois. Il s’agira de rééquilibrer l’accumulation du dosha en travaillant avec les qualités opposées, donc huileux, lourd, chaud, dense et stable. Équilibrer les éléments de l’air et de l’éther par l’ancrage, la stabilité, la régularité et la lenteur sera la priorité pour pratiquer durant l’automne.

Le principe du dosha Vata est celui du Mouvement.
Vata se manifeste lors des fins, fin de la vie, de l’année, du jour, de la nuit… C’est aussi le moment des transitions, avec son côté volatile, pour nous emporter avec une grâce envolée, d’une rive à l’autre.

Vata, c’est l’Automne, lorsque les feuilles dansent dans le vent alors que la nature s’apprête à connaître une petite mort. Une période de passage entre l’exubérance de l’été et la sobriété de l’hiver où la nature dans un dernier souffle d’espièglerie colore ses paysages avec une créativité toute naturelle au tempérament du Dosha Vata.

C’est une saison qui incite à vivre l’instant présent, à se poser et s’ancrer dans ses profondes racines.
La saison Vata nous le rappelle par ses manifestations « mouvementées », le vent, la tempête, les bourrasques, la chute des feuilles, la chute des fruits.
L’automne est la saison où les troubles Vata apparaissent ou s’aggravent dans le corps. Vata s’accumule dans le colon sous forme de gaz et de constipation, dans les articulations qui deviennent douloureuses et craquantes, dans le mental sous forme d’agitation, d’anxiété, d’instabilité, d’insomnie.
La peau est davantage sèche, rugueuse, ainsi que les cheveux qui ont tendance à tomber…comme les feuilles des arbres en automne !

La pratique de yoga pour équilibrer le dosha Vata. Voir ici les pratiques proposée par Najia Begny.

Pour pacifier le dosha Vata ou pour pratiquer le yoga en automne, privilégiez la pratique :

  • le matin de bonne heure: une séance tonifiante pour démarrer , la pratique transforme la journée, en inscrivant le calme en soi et un certain retrait.
  • en début de soirée, avant le repas:  c’est une manière de faire une coupure après une journée fatigante et de se recharger. La soirée et la nuit seront sereines ; une séance apaisante pour un sommeil réparateur.

La pratique de Yoga en saison Vata est douce, lente, progressive pour ne pas s’épuiser ; elle s’effectuera avec un rythme lent et régulier, de la fluidité dans le mouvement, en ralentissant et approfondissant la respiration. Choisissez des postures qui stimulent mais sans excès : le but est de réchauffer et de tonifier le corps, d’améliorer la circulation sanguine et assouplir les articulations. On cherchera à restreindre tout mouvement inutile pour rester centré.
En fin de séance, accordez-vous un temps essentiel : celui de vous relaxer en Savasana suffisamment longtemps afin de bien vous régénérer. Couvrez-vous afin d’avoir bien chaud et si vos yeux sont fatigués ou tendus, mettez un petit coussin relaxant pour les yeux ; ou vous accorder des moments de méditation plusieurs fois dans la journée.

Le bas du tronc : siège de Vata et d’Apana Vayu, l’énergie d’élimination.

Le Dosha Vata a tendance à la légèreté, la volatilité. La pratique essentielle pour apaiser Vata en Yoga consiste à se concentrer sur Apana Vayu et le mouvement descendant de l’énergie, dans la zone des hanches, du bassin et des jambes. Cela va calmer le Dosha Vata, en le replaçant dans la zone basse du corps, qui est son siège.

L’attention sera donc portée sur la région du bas-ventre, du colon (principal organe associé à Vata dosha ) et du bassin afin de libérer les tensions dans les hanches et les articulations sacro-iliaques, éliminer les gaz intestinaux, de mobiliser la colonne vertébrale dans différentes directions afin d’éviter son enraidissement lorsque Vata domine.
La séance se composera d’1/3 de postures dynamiques et 2/3 de postures statiques

Le choix des postures (asana) se portera sur :

  • les postures debout qui développent l’ancrage et l’enracinement , stabilisent et stimulent sans excès ; renforcent jambes/genoux/chevilles : : Trikonasana (triangle ),Virabhadrasana (Guerrier), Utkatasana (la chaise) et leurs variantes, les postures d’équilibre ; Vrikshasana (l’arbre)Natarajasana (Shiva dansant).
  • les postures qui agissent sur l’énergie descendante (apana) et l’élimination : Apanasana, Pawanmuktasana, Balasana, Pashimottanasana, Janushirsasana
  • Les postures de flexion avant, flexion latérale, extension et torsion seront privilégiées.
  • les enchaînements doux ou les Salutations au Soleil pour réchauffez le corps, en stimulant la circulation sanguine

L’ancrage sous toutes ses formes est fondamental pour Vata.

Notez que trop de mouvements, d’étirements ou d’intensité, peuvent nuire à Vata. Par exemple, trop étirer les ligaments risque, à terme, de les affaiblir. Avec une pratique plus douce et équilibrée, le corps pourra à la fois s’assouplir et se fortifier.

Quel Bhavana pour une pratique « Vata » ?

L’intention (Bhavana) de la séance « Vata », se place dans l’intériorité, la lenteur, une force douce et tranquille. Evitez tout mouvement inutile, votre pratique gagnera en qualité. Dans un état de calme intérieur, vous êtes pleinement attentif au corps, qu’il soit immobile ou en mouvement. Sans forcer, sans astreinte, grâce à la tenue des postures en statique, vous entrez profondément à l’intérieur de vous-même. Vous habitez pleinement tous ces lieux sensibles, tous les tissus, les volumes, jusqu’au cœur de la substance du corps. Devenez témoin du souffle, d’un bout à l’autre de chaque geste respiratoire, écoutez-le et ressentez son passage dans la posture. Le corps, pleinement habité, se fait temple…
Privilégiez la respiration yogique complète, ample et profonde, autant que faire se peut, pendant la pratique des asanas. Vous pouvez pratiquer Sama Vritti, en égalisant la longueur de l’inspir et de l’expir, avec Ujjayi ou sans Ujjayi.Si vous êtes très à l’aise, pratiquez Visama Vritti en doublant le temps d’expir. 

Le yoga qui apaise Vata est purement intérieur. On va éveiller la conscience-témoin en développant toujours plus l’observation du mouvement interne du souffle. Cette conscience, présente, bienveillante et non-impliquée, va aider à libérer le passage du souffle dans chaque asana. La respiration va ainsi devenir régulière, profonde et subtile.

Quel pranayama en fin de séance pour équilibrer le dosha Vata ?

  • La respiration alternée, Nâdî Shodhana, rééquilibre, tout comme Prathiloma Ujjay: ces pranayamas augmentent le niveau d’énergie global.
  • La respiration solaire, par la narine droite (Surya Bedhana) réchauffe.
  • Sama Vritti : Inspir = Expir ou Vishama Vritti : Expir double de l’inspir
  • Ujjayi intériorise et énergise.

Esprit du pranayama pour apaiser Vata :
Ne jamais forcer une rétention, surtout après l’expiration, cela aggrave Vata
Respiration fluide, profonde, sans saccades ni blocages
Attention portée sur l’inspiration, qui ouvre des espaces, qui plonge des racines et nous lie à l’univers.

En résumé : L’excès de Vata est éliminé à l’aide des asanas qui dirigent l’énergie vers le bas, depuis le siège du Vata (colon) jusqu’à la terre, en renforçant les jambes. Les asanas réalisent un massage qui contribue à l’élimination des gaz, manifestation primaire de l’excès de Vata dans l’organisme.

Signes de succès pour apaiser Vata : souplesse physique et mentale, moins de douleurs et de raideurs, muscles plus forts et stables (absence de tremblements), sensation d’enracinement, de stabilité, d’équilibre, de calme intérieur.

Bonne pratique d’automne !

Najia Begny