Aboulafia – la quête du kabbaliste de Georges Lahy
Aboulafia – la quête du kabbaliste de Georges Lahy
Le coup de coeur de Lucile Jouvenel
Il s’agit d’un roman retraçant la vie du kabbaliste Abraham Aboulafia. Son auteur, Georges Lahy, est spécialiste de la kabbale et particulièrement de celle liée à ce mystique dont il contribue à diffuser l’enseignement.
Le roman nous invite à suivre le cheminement d’Aboulafia de sa naissance en 1240 à Saragosse à sa disparition à Patras en 1292.
Le lecteur suit ainsi, le grand voyage engagé par ce personnage hors du commun, tout en étant plongé dans cette période historique, très loin de l’obscurantisme qui y est traditionnellement associé. Il vit la profusion de la réflexion intellectuelle, philosophique et spirituelle du temps. J’ai d’ailleurs été surprise de découvrir cette richesse sur les terres des pays d’Oc et de Camargue, dont une partie sont mes lieux de vie.
En suivant son chemin et ses cheminements, le lecteur perçoit l’enrichissement de ses réflexions au fur et à mesure de ses rencontres dans les différents sites traversés, pour se forger sa propre pratique sans perdre de vue sa quête originelle.
Il côtoie les groupes politiques et intellectuels influant de l’époque tels que les templiers, les ecclésiastes, les franciscains, des alchimistes, des compagnons bâtisseurs, les soufis…permettant au lecteur de vivre la grande circulation des pensées dans ce monde (sans téléphone ni Internet).
Le texte nous invite à saisir assez simplement des notions de kabbale et invite, par ricochet, à toucher du doigt l’universalité des spiritualités. Cette concomitance est constatée à plusieurs reprise : la même quête dans différentes pratiques.
Visionnaire, il ouvre sur des réflexions intéressantes pour soi.
Extrait au début du roman : « Réalises-tu qu’une pensée de Sagesse est la chose la plus subtile de la Création ? Lorsqu’un sage y accède, elle l’imprègne de sa lumière. Dès qu’il la prononce, son poids devient celui du souffle qui l’accueille. On l’entend, mais elle demeure encore invisible. Puis le scribe la capture dans les mailles de son filet de plomb et la dépose sur un parchemin où elle s’assoupit ^prisonnière de la forme, dans un sommeil de plus en plus lourd : une petite mort. Le souffle, sa spiritualité, se retire. Les pensées de Sagesse remplissent des volumes et les étudiants croulent sous leur poids. L’ombre porte l’ombre et en vient à oublier l’existence même de la Lumière. Mais dès que l’on souffle sur le texte, l’esprit le ressuscite. La rosée vivifiante de l’Ancien des jours abonde dans le « souffleur ». La Sagesse renaît d’elle-même et s’envole transportée par une guirlande de voyelles. Si celui qui l’a réveillée est un véritable sage, alors la musique des voyelles vibre et persiste. Son harmonie se fond dans la Lumière du Zohar. Pour ce sage, le livre devient inutile, léger, il peut aller de par le monde. »