Chandra Swami, immense yogi et saint, avec sa prière universelle

Chandra Swami, immense yogi et saint, 1930-2024. Il est né au Pendjab, dans l’actuel PAKISTAN, dans un village nommé selon le grand sage Baba Bhuman Shah Udasin (1687-1747), où réside toujours le samadhi (tombe) de celui-ci.

Un coup de coeur de Christine Chaput

Lors de mon premier séjour en Inde, en 2005, j’ai eu la chance de passer une semaine dans le Sadhana Kendra Ashram, ashram de méditation et de service, où j’ai côtoyé Chandra Swami tous les jours lors des satsangs, des repas etc. J’ai été profondément marquée par ma première rencontre avec un véritable maître, un immense yogi. Puis, j’ai découvert davantage sa grande spiritualité et son humilité au travers de quelques uns de ses écrits, sa biographie, la prière universelle qu’il a formulée. Aussi ai-je grand plaisir à partager ces lignes avec vous. Christine Chaput

Chandra Swami, immense yogi et saint, 1930-2024.

Il est né au Pendjab, dans l’actuel PAKISTAN, dans un village nommé selon le grand sage Baba Bhuman Shah Udasin (1687-1747), où réside toujours le samadhi (tombe) de celui-ci. Bien que n’ayant pas vécu au même moment, Baba Bhuman Shah Udasin était le disciple de Udasinacharya Shrichandraji (1494-1643), fils aîné de Guru Nanak, le fondateur du mouvement religieux du Sikhisme.

Chandra Swami, né Suraj Prakash, élevé dans une famille très pieuse, était un enfant attiré très tôt par cette tombe, auprès de laquelle il passait de longues heures. C’est ici et au cours d’une méditation, qu’il y rencontra en esprit Baba Bhuman Shah. Ce sera, dit-il, à l’origine de toutes ses transformations spirituelles qui jalonneront sa sadhana, et auquel il vouera une immense et constante dévotion. A cette époque, ces rencontres intérieures seront régulières, et pour cet enfant d’alors, auront une influence spirituelle profonde (darshan). Suraj Prakash restait un enfant physiquement et psychologiquement équilibré, poursuivant ses études et des activités sportives en athlétisme.

Lors d’un retour dans son village pendant ses études universitaires à Lahore, Bhuman Shah lui apparut en rêve, lui rappelant leur association intime au cours de vies passées. Celui-ci apparut aussi en rêve au père de Suraj, le pressant de lui consacrer son fils, et lui disant d’aller voir Shri Girdhari Dass ji, 10° successeur de Bhuman Shah, de la lignée des Udasin. Lors de leur rencontre avec Shri Girdhari Dass ji, celui-ci dit qu’il les attendait, car lui aussi avait rêvé de Bhuman Shah et du propos de leur visite. C’est à cette occasion que Suraj Prakash devint Chandra Prakash, reçu mantra diksha, l’initiation au mantra, et entra dans l’ordre des Udasin. Au cours de cette cérémonie, il sentit monter une grande ferveur religieuse et décida de faire de la réalisation du divin le but de sa vie.

Il poursuivit ses études en vue d’une maîtrise de sciences, mais finalement décida de se consacrer pleinement à sa recherche intérieure sous l’influence du sage Swami Krishna Dass, un udasin du Cachemire qui le consacra moine en 1953 et lui remit la robe orange : il devint alors Chandra Swami et un sannyāsī. Dès cette période, commença une intense sadhana de 8 ans au Cachemire, entre grotte l’hiver, bord de la rivière Tawi et le Mont Hari Parbat l’été, lieu saint consacré à la Déesse, près de Srinagar. Il était entièrement soutenu par une quinzaine de familles proches qui pourvoyaient à tous ses besoins. Il décida de ne plus toucher à l’argent ni demander quoi que ce soit à quiconque pendant 3 ans, jusqu’en 1956, s’en remettant totalement au divin. Il récita le mantra des udasin sans interruption durant 1 000 nuits, répéta 1 200 000 fois la gayatri mantra, pratiqua beaucoup le pranayama, jusqu’à 3 heures par jour, le japa (chant de mantra) et intensément la méditation, ainsi que svadhyaya, et sa sadhana selon un programme très régulier.

Dans son livre « Empreintes d’éternité » p.179, est cité son emploi du temps durant sa sadhana au Cachemire.

Emploi du temps quotidien :

2 heures du matin : lever

2 h à 3 h : prière

3 h à 4 h : prānāyāma

4 h à 5 h : méditation

5 h à 6 h : brossage des dents, appel de la nature, etc.

6 h à 7 h : japa (récitation de mantra)

7 h à 8 h : petit déjeuner léger, nettoyage, rangement

8 h à 9 h : svādhyāya (étude des Écritures)

9 h à 10 h 30 : vyāyāma (exercices physiques/yoga āsanas) et bain

10 h 30 à 11 h 30 : nitya karma (pūja/adoration), prière, récitation de shlokas (versets des Écritures) et prière pour que tous soient heureux

11 h 30 à 13 h : prānāyāma (exercices respiratoires) et méditation

13 h à 16 h : déjeuner (préparation et prise du repas, vaisselle) et repos

16 h à 17 h 30 : accueil des visiteurs ou svādhyāya

17 h 30 à 18 h 30 : goûter léger (un verre de lait)

18 h 30 à 19 h 30 : vyāyāma (yoga āsanas)

19 h 30 à 20 h 30 : prānāyāma

20 h 30 à 22 h : méditation, japa, prière

Dimanche : réponse au courrier.

Au cours de ses expériences spirituelles, il vit les 4 rishis: Kumar, Ramana Maharshi (dont il n’avait jamais entendu parlé), Shri Aurobindo, Guru Nanak Dev en extase, Paramahamsa Ramakrishna, l’Égyptien Hermès Trismégiste dont Swamiji décrivit l’étrange coiffe alors qu’il n’avait jamais vu la coiffe d’un pharaon égyptien auparavant, Jésus de nombreuses fois et de nombreux autres yogi et des divinités. Il disait que « Toute vision de ce genre a un effet bénéfique durable sur le mental qu’il inonde de félicité ».

Il exprima son état d’alors ainsi :« L’expérience du Soi silencieux et la vision du monde qui en découle comme étant une apparence sans consistance, irréelle, vaine et sans but, bien qu’étant une expérience spirituelle d’un niveau très élevé, n’est pas le but ultime, l’expérience spirituelle parfaite ».

A 29 ans, ayant réalisé l’atman et vivant dans une paix inexprimable, il s’installa sur une île du Gange, Sapta Sarovar Jhādī, dans de modestes cabanes de sa construction, île accessible en traversant le Gange seulement à certaines périodes, entourée d’animaux sauvages, éléphants, pythons, cobras…, près d’Haridwar, ville sainte au pied de l’Himalaya où il y vécut 9 ans. Après de nombreuses expériences spirituelles, l’expérimentation de nombreux aspects du divin et l’expérience ultime de l’Absolu dans sa totalité, vers 35 ans, devenu libéré vivant, la maya s’étant dissipée, la vie divine s’écoulant librement, l’intuition supra-mentale guidait tous ses actes.

Ses disciples fondèrent en 1970 un petit ashram, Sevak Nivas, sur une rive du Gange, plus accessible que ses huttes précédentes. En 1984, il fit vœu de silence, qui dura 33 ans, continûment. Ce silence était bien plus éloquent que toutes les phrases qu’il pouvait prononcer, même s’il répondait par écrit aux questions des chercheurs et si il chantait les mantra. Aimé de tous, nombreux sont ceux qui ne peuvent parler de lui sans que des larmes d’amour emplissent leurs yeux.

En 1990, un ashram plus retiré fut installé sur une berge de la Yamuna, aussi au pied de l’Himalaya, à Domet, Sadhana Kendra Ashram, qui comporte aussi un hôpital et une grande école pour les villageois voisins. La pratique dans cet ashram est dévolue à la méditation (4 fois une heure par jour), au service aux autres (seva), à la prière et au chant, accueillant tous les publics quelque soit leur confession (voir https://www.sadhanakendra.org/ashram.html)

Il fut invité en Europe. Citons quelques disciples français, Yvan Amar (Swami Ananda Chetan), André Riehl…

En plus de ses écrits, cette grande âme nous a laissé une magnifique prière universelle :

Ô Seigneur Refuge du sans refuge,

Maître suprême de cet univers,

Que le monde entier soit heureux,

Que le malveillant devienne bienveillant,

Que chaque être vivant désire le bonheur de l’autre,

Que nos cœurs soient animés par l’amour mutuel et un esprit d’entraide,

Et, libre de tout égoïsme, que notre cœur se tourne spontanément vers Toi.

Ô Seigneur suprême,

Devant toi qui es toute pureté,

Qui es l’incarnation d’une puissance infinie,

Qui es la source inépuisable de la Connaissance et de la Joie,

Qui es Amour et Lumière intarissables,

Du plus profond de mon amour,

Je me prosterne respectueusement encore et encore.

Ô Seigneur des seigneurs,

Qui es à la fois immanent et transcendant,

Et Un sans second,

Je prends refuge en Toi.

Je t’en prie, prends-moi en Toi;

Attire-moi toujours plus près de Toi;

Accorde-moi l’entière protection de Ta main bienveillante.

Mon Dieu ! Je suis à Toi, je suis à Toi, je suis à Toi.

Quoi que je sois, je suis à Toi;

Qui que je sois, je prends refuge en Toi.

Ô Seigneur de tous les êtres,

Par Ta grâce, que mon corps reste sain,

Que mon cœur devienne pur et limpide,

Que ma compréhension soit claire et pénétrante,

Que mon esprit soit stable et paisible.

Mon Dieu, par Ta grâce, que ma vie entière, purifiée et transformée,

Soit totalement consacrée à Ton souvenir,

A Ton service et à Ta contemplation.

Ô Seigneur miséricordieux,

Donne-moi la force de Te chercher et de Te voir,

Donne-moi la force de me chercher et de me voir,

Donne-moi la force de voir la Vérité et de vivre la Vérité.

Seigneur ! Lorsque pour moi le temps sera venu

De quitter mon corps physique,

Je t’en prie, qu’il me soit permis

De me souvenir de Toi et de Toi seul !

Ô Seigneur ! Je t’en supplie,

Libère-moi de toutes mes faiblesses !

En m’absorbant en Toi,

Seigneur, rends-moi parfait !

Je Te salue mille et mille fois.

OM shanti, shanti, shanti (Om, Paix, Paix, Paix)

Télécharger la prière

Ses écrits, traduits en de nombreuses langues, ici ceux en français, dont certains sont libres d’accès (cliquez sur le lien)

L’art de la réalisation, Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes », 1985

Le rosaire des instructions spontanées, Les éditions du Relié, 1992

Le chant du silence vol I, à IV, entretiens de 1992 à 2001

L’approche du divin, voies et pratiques; 2020

Empreintes d’Éternité, Biographie, première partie

En compagnie de Babaji ; 1995, 2e édition : 2005.

Joyaux spirituels – Éd. Seekers Trust, 2015

Chandra Swami Udasin Footprints to Eternity Part I, par Swami Prem Vivekananda, 2016 par Seekers Trust.en français et pdf